Hommage à André Courrèges

Quand j’ai reçu le sempiternel message push du Monde vendredi en fin d’après-midi, je ne m’attendais pas à être touchée à ce point -« Mort du couturier français André Courrèges »-  me dit mon téléphone.

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Après réflexion, vient l’envie d’écrire un hommage, un dernier au revoir. Le problème du dernier hommage c’est qu’on tombe vite dans une biographie triste et impersonnelle, alors, se pose la question du comment l’éviter. Face à la mort d’un homme dont les vêtements ne peuvent que faire sourire, comment ne pas tomber dans le mélo ?

Naît alors une idée différente, plutôt que de présenter l’homme, présentons son travail.

J’ai donc décidé de parler de lui à partir de ces 3 pièces emblématiques :

Les bottes Courrèges

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« These boots are made for walkin’ »

Greg Kadel prend cette photo en 2001 pour Vogue Paris. Créées en 1964, ces bottes ont beaucoup voyagé. Courrèges arrive dans les années 60’ en plein renouveau de la mode, le smoking chez Saint Laurent, le jean symptomatique d’Emilio Pucci, les collants remplaçant les bas et les portes-jarretelles… Cinquante ans après la création de la maison Chanel, la mode prend les devants et libère la femme. Ces bottes sont plates et c’est du jamais vu.  En PVC, elles deviennent vite l’indispensable Courrèges, représentant le futurisme de la maison. Elles sont portées pour la première fois lors du défilé haute-couture Filles de Lune. Elles seront déclinées dans toutes les couleurs mais l’argent présenté plus haut est un des emblèmes de la maison, le cosmonaute étant la première source d’inspiration.

La minijupe

 

« Une main au-dessus du genou »

Courrèges est un couturier de la nouvelle génération, l’ingénieur ne cherche plus comme ses aînés à allier haute-couture et confection, il compte marier culture de la mode et industrie du vêtement. La cible est plus jeune : les vêtements se veulent plus ostentatoires, la femme est active et prend son indépendance. On montre les genoux pour la première fois : on peut courir après un métro et on ne pense plus que par séduction ils doivent être cachés. Le combat naît entre Chanel et Courrèges : Roland Barthes écrira même pour Marie Claire en 1967 « Le match Chanel – Courrèges ». Pour Gabrielle Chanel, le ridicule est ultime et le montré de genou d’une vulgarité sans nom. Loin d’y voir une révolution pour la femme, elle accuse André de faire défiler des enfants sans forme ni féminité. Malgré les propos de Chanel, la petite jupe restera dans nos penderies

La découpe circulaire

 

« Des petits trous, des petits trous, encore des petits trous »

Je finis enfin non pas sur une pièce, mais sur une récurrence. On retrouve dans l’uniforme Courrèges une multitude de figures géométriques et je vais me concentrer sur les trous. Découpés dans les vêtements, ces trous sont une forme de signature pour ce passionné d’architecture, ingénieur diplômé des Ponts et Chaussés. L’audace est à son maximum, le vêtement est autant constitué par son vide que par son tissu. Au-delà de l’inspiration venue de la science-fiction et de la bande-dessinée ils montrent le plaisir qu’André Courrèges a dans la découpe. Avide de techniques et de matériaux nouveaux, il dépassera toutes les barrières, des trous sur du Sky, du néoprène ou du crochet pour offrir une structure déstructurée. Ces trous sont pour moi représentatif de la géométrie qui habite tous les vêtements du créateur.

Profitons une dernière fois de ses vêtements iconiques

 

Brune Ouakrat

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Courr%C3%A8ges_(entreprise)

http://www.lexpress.fr/styles/createurs/mort-d-andre-courreges-ce-qu-il-faut-retenir-du-createur-de-mode_1632506.html

The red List

http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu01253/andre-courreges-et-la-haute-couture-futuriste.html 

Crédits images : 

http://bit.ly/1OXS3Yg
https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/236x/e6/63/68/e663681d501192b377cba2b1c2d6850b.jpg
1: André Courrèges by Werner Pawlok, 1980s
3: Greg Kadel, Vogue, 2001
5: André Courrèges, Ensemble, photographed by Pierre Boulat for LIFE, 1965
6: André Courrèges, Overalls, 1970
7André Courrèges, Dress, photographed by William Laxton, 1960s
8: Nicole de la Marge in André Courrèges Overall, photographed by Guy Bourdin for Vogue, 1967
9: André Courrèges, Dress, photographed by William Laxton, 1960s
10: Twiggy pour Courrèges
11: Audrey Hepburn in André Courrèges Hat, photographed by Douglas Kirkland, 1965
12: Catherine Deneuve in André Courrèges Dress, photographed by David Bailey for Vogue, 1967
13: Françoise Hardy et son blouson en vinyle Courrèges

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