La mode mènera-t-elle la résistance ?

Les podiums lancent les tendances. Les tons dominants de l’été, les matières phares de l’hiver… Tout cela se joue dans les ateliers des plus grands créateurs de mode. Le milieu de la mode donne le ton au niveau vestimentaire, mais depuis quelques temps, elle s’aventure sur un autre terrain. La mode va-t-elle enfin rendre la diversité « trendy » ?

L’état de l’industrie

 

En effet, la mode a une histoire compliquée avec les minorités. Ce n’est par exemple qu’en 1974 qu’une jeune femme noire fait la couverture de la Bible de la mode, Vogue. Il s’agit alors du mannequin Beverly Johnson qui ouvre la voie pour les autres mannequins non-blancs. Cela n’arrive que 82 ans après la création du magazine américain, en 1892.

L’édition anglaise de Vogue avait déjà en mars 1966 choisi pour sa couverture un mannequin afro-américaine, Donyale Luna. Cependant, l’événement extraordinaire à l’époque ne se reproduisit que 20 ans plus tard, en 1986.

Depuis, il y a évidemment eu du progrès, notamment grâce à des « supermodels » telles que Naomi Campbell, Tyra Banks ou Chanel Iman. Mais la question de la représentation des minorités reste prégnante.

Sur les podiums, le même problème se pose. Aux défilés de la New York Fashion Week de l’hiver 2014, on comptait 79% de mannequins blancs. La représentation n’était toujours pas au rendez-vous. Pourtant, la Fashion Week Printemps-Eté 2017 a battu des records d’inclusion. En effet, pour la première fois dans l’histoire de la mode, plus de 25% des mannequins qui ont défilé étaient non-blancs.

 Des efforts et un progrès en vue

Ce chiffre ne veut peut-être pas dire que la victoire est proche, mais il témoigne tout de même d’un progrès. Ce progrès se traduit également dans le choix des égéries des grandes marques de haute couture comme de prêt-à-porter.

En effet, en 2015, la chanteuse Rihanna, originaire de la Barbade, a été choisie pour être l’égérie de la prestigieuse maison Dior. Il s’agissait d’une première pour la marque, qui n’avait auparavant jamais eu de femme noire pour égérie.

Plusieurs exemples témoignent de la bonne foi de l’industrie de la mode. En 2016, le modèle grande taille Ashley Graham a été au cœur de l’actualité lorsque la marque Barbie a annoncé qu’elle produirait une poupée à son effigie. Graham a d’ailleurs été nommée en novembre « Femme de l’Année » par le magazine Glamour. De la même manière, en juin 2016, la marque new-yorkaise Mansur Gavriel annonce que l’actrice et activiste transgenre Hari Nef serait désormais leur égérie.

Ces avancées ont été applaudies et célébrées, à raison. Il n’en reste pas moins que l’industrie de la mode a encore beaucoup de chemin à faire. En effet, Ashley Graham, encore, a fait la couverture du Vogue (UK) pour la première fois en Janvier dernier. Cet événement montre à nouveau que la mode cherche à ouvrir et élargir ses critères. Pourtant, plusieurs marques ont refusé d’envoyer des échantillons de leur collection à une taille adaptée au célèbre modèle grande taille.

 Deux pas en arrière, trois pas en avant 

Néanmoins, ce progrès en matière de représentation est la preuve que le processus est enclenché, et l’événement le plus marquant de l’année 2016 pourrait l’accélérer. En effet, l’élection de Donald Trump au poste de président des Etats-Unis, et les sujets qui ont rythmé sa campagne tout au long de l’année, ont remis au cœur de la vie publique la question de la diversité. Les remarques nauséabondes sur les Latino-Américains, la rhétorique dédaigneuse et méprisante à l’encontre des minorités, des femmes, ont largement fait réagir l’opinion publique.

Cette réaction durant l’année 2016 au sein du milieu de la mode est-elle alors une forme de résistance et de réponse au climat de tensions qui règne actuellement aux Etats-Unis ?

Rappelons que de nombreux créateurs, dont Tom Ford et Marc Jacobs, ont annoncé qu’ils refuseraient d’habiller Melania Trump, femme de Donald Trump et désormais First Lady. Ce boycott est un moyen pour ceux-ci de témoigner publiquement leur mécontentement par rapport à l’élection de Trump et surtout à son programme.

Le milieu de la mode a longtemps été très hermétique au changement et a toujours privilégié un certain type de mannequins et modèles, sans laisser de chance à d’autres profils. Depuis quelques années, la tendance semble, sinon s’inverser, légèrement changer, et les marques se tournent petit à petit vers une logique d’inclusion.

Là où le gouvernement rejette les minorités et leur représentation — il suffit de jeter un œil au cabinet du nouveau président américain, la mode, qui jouit d’une visibilité très large auprès du public à travers les affiches publicitaires, les publicités diffusées à la télévision et sur Internet, les publicités dans les magazines, et les magazines dédiés, pourrait montrer la voie et mettre en avant ceux qui sont oubliés par les plus hautes sphères.

Mina Ramos

SOURCES :

– Emma Spedding, Is Fashion Finally Becoming More Diverse ?, The Telegraph, publié le 17/10/16, consulté le 11/02/17 http://www.telegraph.co.uk/fashion/people/is-fashion-finally-becoming-more-diverse-there-were-more-over-50/

– Claire Bowes, American Vogue’s First Black Cover Girl, publié le 31/07/14, BBC.com, consulté le 11/02/17 http://www.bbc.com/news/magazine-28562316

– Maura Brannigan, 25 Strides that were made in diversity and inclusivity in 2016, Fashionista, publié le 27/12/16, consulté le 12/02/17 http://fashionista.com/2016/12/fashion-runway-model-diversity-2016

 

Crédit image : Getty Images

 

Commentaires

  1. Je ceois que la mode a fait beaucoup de mal à la diversité, en imposant un modèle de femme, blanche, grande et de plus en plus maigre. Si elle peut faire bouger les choses, tant mieux mais j’ai plus fois en d’autres choses… Les blogueuses, les miss atypiques qui font parler d’elles… etc…

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