Visage phare de la dernière Fashion Week de Melbourne, la mannequin soudanaise Ajak Denk fait de plus en plus parler d’elle. Ex-réfugiée de guerre, star des podiums mais aussi figure militante, la jeune femme de 28 ans se hisse en véritable porte-parole d’un univers de la mode en plein renouveau.
Une carrière au sommet
Découverte en 2008 par les professeurs de son lycée Kurunjang à Melbourne, Ajak signe à ses débuts dans une agence de mannequins australienne. Elle fait sa première grande couverture de mode pour le magazine i-D en 2011, et enchaîne par la suite contrats, couvertures et podiums auprès des plus grands noms de la mode.
Elle pose et défile pour Louis Vuitton, Jean-Paul Gaultier, Chloe, Givenchy ou encore Lanvin, et devient rapidement la favorite du designer Jason Wu. Égérie des campagnes Benetton, M.A.C Cosmetics ou même Calvin Klein, le magazine Vogue Italia la compte désormais parmi les 10 mannequins noires les plus influentes.
Cependant, en Février 2016 Ajak Deng annonce par le biais de son compte Instagram qu’elle prend la décision surprenante de quitter le monde du mannequinat, ne supportant plus « l’hypocrisie ambiante et les faux-semblants ». Elle décide de partir de New York pour retourner vivre en Australie. Mais face à la vague de réactions de ses fans attristés, la mannequin prend conscience de son influence auprès de son public, et décide rapidement de revenir sur sa décision. Elle renonce alors à sa démission, et choisit d’offrir un nouveau tournant à sa carrière, s’imposant un nouveau style : devenir une mannequin militante et engagée.
L’alliance du mannequinat et du militantisme
Depuis ce tournant de 2016, Ajak Deng a alors milité contre le manque de diversité révoltant au sein du monde du mannequinat, tant dans la représentation des corps que des couleurs de peau. L’univers de la mode est à son goût bien trop stéréotypé et inégalitaire, et ne laisse que trop peu de place pour les modèles de couleurs. Elle déplore également le manque de mannequins « grande taille » lors des défilés les plus prestigieux tels que le Victoria’s Secret Fashion Show, défilé au sein duquel elle a exprimé souhaiter voir défiler des mannequins telles qu’Ashley Graham, lors d’une interview pour Yahoo.
Ajak posa ainsi pour la campagne de la marque professionnelle de maquillage Cover FX , redéfinissant le terme de « nude » et rappelant à l’industrie cosmétique que le nude n’est pas nécessairement beige, que le nude implique toute une gamme de couleurs aussi large qu’il existe de couleurs de peau.
D’autre part, Ajak a également prêté son image à la campagne Body Shop pour la paix, participant à la levée de fonds d’un montant de 440 000 dollars afin d’aider les enfants réfugiés de guerre en Syrie.
Une enfance dans les camps de réfugiés
Au sein des diverses interviews qu’elle accorde, cette militante des podiums se confie par ailleurs au sujet de sa jeunesse au Soudan. Née à Tonj en 1989, elle n’est qu’une enfant quand la guerre éclate au Soudan du Sud. Sa famille est alors contrainte à quitter le pays pour se rendre au Kenya, où ils restent trois ans dans un camp de réfugiés de guerre. À la suite de ces trois années, la mère d’Ajak tombe gravement malade et succombe de ses symptômes. Après son décès, le gouvernement australien réussit à aider la famille et ils s’exilent à nouveau à Melbourne cette fois-ci, où Ajak, son père et ses sept frères et sœurs refont leur vie.
Le parcours de vie, l’authenticité et la force de convictions de la jeune femme n’ont donc pas fini de l’encourager à dénoncer les clivages régnant dans l’univers de la mode.
Pauline Gosalbez
Sources:
http://www.konbini.com/fr/tendances-2/dun-camp-de-refugie-aux-podiums-parcours-mannequin-ajak-deng/
https://mademoisellekahh.wordpress.com/2017/02/14/my-black-love-ajak-deng/
https://www.instagram.com/_ajak_deng/
https://www.allure.com/story/cover-fx-nude-is-not-beige-campaign
Crédits Photos:
Instagram d’Ajak Deng : @_ajak_deng