Le tote-bag : entre mode, publicité et praticité

Il est des accessoires que l’on ne présente plus. Omniprésent depuis une dizaine d’années, le tote bag a trouvé sa place sur l’épaule des femmes et des hommes de tout âge et milieux confondus. Si l’on constate un regain d’intérêt certain, l’accessoire ne date pas d’hier…

Un sac d’abord pratique

De l’anglais « to tote » signifiant trimballer, il tire son origine des musettes en bandoulière utilisées par les postiers anglo-saxons et américains au début du siècle dernier. Plus léger et solide qu’une sacoche en cuir, il présente aussi l’avantage d’être assez souple pour pouvoir y glisser la main facilement et ainsi distribuer le courrier plus rapidement. Le sac sera ensuite repris par les crieurs de journaux qui lui reconnaîtront les mêmes avantages. Jusqu’au milieu du XXème siècle, le tote-bag est donc uniquement utilisé pour un usage professionnel fort de sa praticité.

Le tote bag devient en vogue aux Etats-Unis à partir des années 1940 notamment par le biais de la commercialisation du « boat and tote » par la marque américaine d’équipements de loisirs LL. Bean. Initialement il était conçu pour transporter la glace de la voiture au réfrigérateur. Mais rapidement, les consommateurs vont lui trouver d’autres usages. Plus facile à porter qu’une valise, plus léger qu’un sac à main, les femmes (qui constituent au début la majorité des utilisateurs) appréciaient également sa facilité d’entretien. Surnommé l’« ice bag », le sac va devenir une des meilleures ventes de la compagnie si bien qu’elle le propose encore à la vente aujourd’hui.

Qui devient accessoire de mode…

La société LL Bean comprend le détournement de l’usage primaire de l’objet et propose une nouvelle version du sac plus féminine ornée d’une bande de couleur peu après la fin de la deuxième guerre mondiale.

A partir des années 1960, la styliste américaine Bonnie Cashin créé le Cashin Carry Tote et fait de l’objet un véritable accessoire de mode. La styliste travaille d’ailleurs pour Coach dès 1962 et propose plusieurs versions en cuir du sac. En pleine période hippie, le tote-bag apparaît comme un objet de contre-culture en opposition aux sacs à main, attaché-caisses et valises…

En France, les premiers tote-bags font leur apparition à la fin des années 1990 mais c’est en 2010 que le succès explose. Marques, musées, enseignes de distribution se lancent tour-à-tour dans la production de sacs en tissu. Les maisons de luxe n’échappent pas non plus au phénomène : Chanel, Goyard, Balenciaga et son fameux sac Ikea en cuir bleu. La démocratisation des imprimantes textiles parachève la globalisation de l’objet à l’aube du XXIème siècle. Toute marque indépendante, toute entreprise, tout particulier peut aujourd’hui créer son sac.

Et objet publicitaire.

Si le sac est objet de mode, il est surtout un formidable vecteur de notoriété pour les marques. La majorité des tote-bags en circulation portent le sceau d’une marque. WELCOMME-JULY Justine dans son mémoire« Le tote-bag publicitaire : entre valeur d’usage et valeur symbolique » analyse en profondeur ce phénomène. Elle explique qu’en portant un tote-bag, l’individu joue en quelque sorte « les hommes sandwichs ».Ainsi, en se déplaçant dans l’espace public, les individus concourent à la diffusion du message publicitaire.

Toujours dans son mémoire, Justine WJ. développe l’hypothèse selon laquelle le tote-bag est un objet doté d’une valeur d’usage (à savoir sa fonction primaire que constitue le transport d’objets) surpassée par une valeur symbolique. Le tote-bag participe à l’expression même de son utilisateur et fait basculer l’objet dans une consommation ostentatoire. L’objet publicitaire devient accessoire de mode.

Comment présenter le tote-bag aujourd’hui ?
Son histoire complexe et ses fonctions plurielles ont fait de lui un objet globalisé. Le développement croissant de la conscience environnementale chez les populations laisse présager un avenir prometteur à l’accessoire.Il est perçu comme une alternative éco-responsable face au sac en plastique.Toutefois, comme le souligne une étude anglo-saxonne, le tote-bag est un des sacs les plus polluants. Sa simple fabrication consomme une grande quantité d’eau (comme tout produit en coton). Pour que son impact soit moins élevé qu’un sac en plastique, il faudrait le réutiliser 173 fois. Compliqué pour un accessoire qui ne résiste pas à un lavage à froid.

Sources :
https://www.racked.com/2017/5/5/15409374/tote-bag-history

https://grafitee.fr/wiki/totebag/histoire/

https://www.qualitylogoproducts.com/promo-university/history-of-tote-bags.htm

https://www.theatlantic.com/technology/archive/2016/09/to-tote-or-note-to-tote/498557/

https://totebagfactory.com/blogs/news/history-of-the-tote-bag

WELCOMME-JULY Justine dans son mémoire « Le totebag publicitaire : entre valeur d’usage et valeur symbolique ». 2014. Mémoire professionnel CELSA.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *