L’Egypte s’invite au défilé Métiers d’Arts de Chanel

Le 4 décembre dernier a eu lieu le défilé Métiers d’Arts de Chanel, qui s’est déroulé au Metropolitan Museum of Arts (MET) de New York. A cette occasion, Karl Lagerfeld a présenté une collection largement inspirée des couleurs et parures de l’Egypte ancienne, en y ajoutant bien évidemment la signature Chanel. Retour sur ce défilé digne d’une véritable machine à voyager dans le temps.

Chanel à New-York: Lagerfeld sort (presque) de sa zone de confort

Entre le rythme effréné des collections et les directeurs artistiques comme Alexander Wang qui décident de sortir du calendrier habituel (automne/hiver et printemps/été), on peut avoir du mal à faire la différence entre la multitude de défilés existants. Les défilés métiers d’arts de Chanel ont été créés en 2002 et honorent chaque mois de décembre l’artisanat français. Karl Lagerfeld propose une collection en « collaboration » avec ces métiers d’art: en effet, Chanel réunit avec sa filiale « Paraffection » un groupement de 26 maisons de manufacture, comprenant l’atelier de broderie Montex ou encore le parurier Desrues. Le but de ce défilé est de mettre en lumière ces ateliers, et d’insister sur l’importance de la conservation de l’artisanat français. Chaque année, la marque pose ses bagages dans une ville différente, et c’est à New-York qu’a eu lieu le défilé de mardi dernier. Karl Lagerfeld, en réel aficionado des musées, n’a pas dérogé à son habitude et a choisi de présenter ses créations à l’intérieur du MET, dans l’aile réservée aux œuvres égyptiennes, et plus précisément dans la salle qui abrite le temple d’Isis de Dendour. Ce temple égyptien, commandé par l’empereur Auguste en -15, a donc vu défiler sous ses yeux les créations Chanel rendant hommage à sa culture. Des fourrés de papyrus et un mur géant avaient été ajoutés, afin de mettre encore un peu plus en scène les dernières créations de la maison de couture.

Une explosion de couleurs, formes et matières rendant hommage à l’Egypte antique

Si le lieu du défilé donne déjà une idée du thème abordé, on comprend dès les premières arrivées des mannequins que Karl Lagerfeld n’a pas fait dans la demi-mesure. Chaque tenue est bourrée d’accessoires en tout genre, rappelant à chaque fois l’Egypte antique.

Commençons par les couleurs: les tons sont globalement chauds et rappellent le sable des déserts égyptiens. Presque chaque tenue a pour base une longue jupe blanche fluide accompagnée d’une paire de collants dorés, et d’un haut blanc, au dessus desquels on ajoute les pièces « phares » de la collection. Ce que l’on remarque dès les premiers modèles, c’est que Lagerfeld a joué sur une grande diversité des matières: le tweed Chanel est revisité et couplé à de la fourrure ou du vinyle. Vestes de cuir à la Matrix, tenues all jean, maille… tout y passe. Cette profusion de matières et de textures est renforcée par la présence accrue des accessoires. Les 26 maisons de « Paraffection » s’en donnent à cœur joie: chapeaux dorés donnant l’apparence aux mannequins de Néfertiti modernes, cristaux incrustés à tout va, et bijoux massifs, presque caricaturaux. Pour cause, des colliers serpents imposants, des boucles d’oreille tombant presque sur les clavicules et des ribambelles de bracelets et manchettes dorés, donnant l’impression que l’image de l’Egypte renvoyée par Chanel sort tout droit d’Asterix et Obelix mission Cléopâtre. Heureusement, Lagerfeld parvient à contrebalancer cet effet cliché en alliant cela à des pièces dans l’air du temps, comme les grosses ceintures portées par-dessus les manteaux. Le logo Chanel, présent sous toutes les coutures, atteste également de l’ancrage de ce défilé dans les tendances actuelles. Certaines pièces se distinguent, comme les robes aux manches bouffantes effet pyramide et les petits sacs scarabées, qui pourraient sans doute devenir les prochains it bags de la saison. Il semble impossible de décrire de manière uniforme ce défilé, tant les créations et les détails sont nombreux. Les 26 maisons de “Paraffection”, guidées par l’imagination de Karl Lagerfeld nous donnent à voir un spectacle épatant et foisonnant.

Vers un peu plus de changement ?

Chanel semble sortir de sa zone de confort, géographiquement et stylistiquement parlant. Souvent critiqué pour créer des collections faites pour plaire aux clientes habituées, plus que pour innover dans l’univers de la mode, Karl Lagerfeld montre qu’il peut encore nous surprendre. A 85 ans, le baron de la mode regorge encore de créativité, et propose une collection innovante sur un thème pourtant souvent abordé dans la création artistique. Cette évolution de la marque se confirme avec la diversité des mannequins présents. Seulement deux hommes ont foulé le sol du MET lors de ce défilé: l’un était Pharrell Williams, égérie Chanel depuis 2017. L’autre était Alton Mason, danseur et mannequin de 21 ans. Leur point commun ? Les deux hommes sont noirs, et cassent donc cette tradition d’une majorité de mannequins blancs sur les défilés. Les femmes ont suivi le pas: à l’instar des années précédentes, on note une plus grande diversité ethnique. Ce défilé donne donc une bouffée d’air frais à la marque, qui rend à l’artisanat français ses lettres de noblesse tout en réinventant les intemporels de la maison Chanel.

Les ateliers Métiers d’Arts de Chanel

Margaux Balland

Sources:

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *