Le décès du couturier Hubert de Givenchy, créateur de la maison éponyme, nous a été annoncé Lundi 12 Mars par son compagnon, à l’âge de 91 ans. Personnalité incontournable de la haute couture française, il a notamment habillé durant sa longue et prestigieuse carrière les plus iconiques des femmes du 20ème siècle : Jackie Kennedy, la duchesse de Windsor ou encore, sa muse, Audrey Hepburn.
Une carrière prestigieuse
Hubert de Givenchy libère la femme en 1952 avec sa première collection et son premier défilé dans un hôtel particulier parisien, entre autres propulsés par Hélène Lazareff, directrice de Elle la même année. Le défilé tout en noir et blanc crée un engouement immédiat et général, autour de la beauté des tissus, de l’originalité des accessoires et de la coupe des vêtements présentés. Givenchy lance ainsi sa maison de haute couture portant son nom, et innove le milieu de la mode de l’après-guerre, en jouant sur des lignes épousant les corps, des silhouettes plus fluides et des cols davantage ouverts et loin des habituels corsets étouffant.
Précurseur du prêt-à-porter de luxe, il tente de proposer des prix plus accessibles que ceux qui régissent dans le milieu de la haute couture et innove ainsi en ajoutant du confort dans la mode. Parmi ses pièces clés et iconiques on retrouve par exemple la blouse Bettina, d’après le nom de Bettina Graziani, mannequin française vedette de la maison Givenchy, ainsi que le célèbre « separate », inventé chez Schiaparelli, où Hubert officia pendant quatre ans. Il s’agissait là d’une ligne de coordonnés – blouse, jupe, veste et pantalon -, que les clientes peuvent accessoiriser en fonction de leurs goûts et de leurs envies.
Le révolutionnaire de la mode fut par ailleurs influencé par l’homme qui fera partie de ses plus proches amis jusqu’à son décès en 1972 : Cristobal Balenciaga, à la tête de la maison Balenciaga. Les deux amis partagèrent les mêmes convictions tout au long de leurs carrières respectives et un respect mutuel régnait entre les deux figures phares du monde du luxe.
La rencontre du cinéma et de la mode
Le couturier habilla les plus grands noms du cinéma et de la mode, mais son éternelle muse resta incontestablement la célèbre actrice britannique Audrey Hepburn. Dans tous les films de cette dernière, ses tenues étaient signées Givenchy : dans le film Sabrina en 1954, Drôle de frimousse en 1957, Diamants sur canapé en 1961, Charade en 1963 ou Comment voler un million de dollars en 1966. La plus célèbre de ses robes restera sans aucun doute l’iconique robe noire de Holly Golightly pour Diamants sur canapé. Confectionnée en seulement 3 exemplaires, la robe symbolise le style new-yorkais, chic et sophistiqué. L’un des exemplaires est conservé par la maison Givenchy, un autre se trouve au musée du costume de Madrid, tandis que le 3ème a été vendu aux enchères pour la somme record de 607 720 €.
La rencontre entre le couturier et l’actrice s’est faite tandis qu’elle n’était qu’une toute jeune comédienne, encore loin de l’icône cinématographique d’aujourd’hui. Leur relation fut si forte, qu’après le décès de l’actrice en 1993, Hubert ne tarde pas à quitter la maison, et ce, en 1995.
« Il faut savoir tourner les pages »
Le 11 juillet 1995, après avoir vendu la maison en 1988 au groupe LVMH, celui qu’on appelait l’éternel apprenti quitte en effet sa maison de couture en déclarant : « Je m’arrêterai de faire des robes mais pas de découvrir. La vie est comme un livre. Il faut savoir tourner les pages. » Il tourne alors la page Givenchy en organisant un ultime défilé sous les lambris des salons du Grand Hôtel à Paris (devenu depuis l’Inter Continental), défilé qu’il clôture de manière symbolique en rendant hommage à ses 80 ouvrières en blouse de lin blanc juchées sur le podium, comme un ultime coup de maître. Aujourd’hui la direction artistique de la maison est entre les mains de Clare Waight Keller depuis le mois de Mars 2017, après six années passées dans la maison Chloé.
Hubert de Givenchy continua tout de même d’intervenir sur la mode dans les années qui suivirent sa décision, en donnant son avis sur le monde du luxe notamment qui, selon lui, tendrait à se défaire tristement de l’esprit d’antan. Dans une interview donnée à Paris Première en 2015, il prononça alors les mots suivants : « On parle du luxe comme on n’en a jamais autant parlé. Il y a de plus en plus de robes mais pas de direction, des sacs avec des chaînes, des chaussures presque importables. Si c’est ça le luxe, ça n’a qu’un temps ».
Pauline Gosalbez
Sources :
http://madame.lefigaro.fr/style/le-couturier-hubert-de-givenchy-est-mort-120318-147777
http://www.parisfaitsoncinema.com/autour-du-cinema/mode/look-audrey-hepburn-diamants-sur-canape.html
Crédits photos :
Photo n°1 : ©Libération
Photo n°2 : ©CR Fashion Book – Audrey Hepburn habillée par Hubert de Givenchy
Photo n°3 : ©La machine à coudre – Extrait du film Diamants sur canapé