Si vous ne voyez pas de qui on parle c’est que vous êtes aveugles ! Le style d’Anthony est loin de passer inaperçu. C’est son côté ethnique et briseur de codes qui fait de lui notre premier GML de l’année !
Comment définirais-tu ton style ?
Je ne pense pas qu’il y ait une définition particulière. Sûrement un peu excentrique, oui. Mais je pense qu’il y a une volonté plus qu’une définition, qui transparaît dans mon style : une volonté de se démarquer, d’être original. Nous sommes dans un monde où tout le monde ne s’habille pas pareil mais tout le monde suit des grandes tendances. Mon style essaye justement de briser ces codes. Je mêle donc un peu l’urbain à quelque chose d’un peu plus bourgeois. J’essaye vraiment de faire les deux. Après, il y a des jours où je m’habille complètement urbain et d’autres où c’est davantage super classe. Mon objectif c’est de varier entre ces deux influences.
Mon but n’est pas d’être original à tout prix, c’est de créer mon identité et je pense que s’habiller c’est aussi un art. Donc si je dois définir mon style, je dirais qu’il se rapproche de ma personnalité dans le sens où c’est quelque chose de très paradoxal, de très contradictoire.
Où puises-tu ton inspiration pour créer tes looks ?
Forcément, en Afrique parce que il y a pas mal de belles choses là-bas. Même la sapologie*, bien que je ne m’inscrive pas du tout là-dedans. Je vois leur démarche mais ce n’est pas la mienne. Enfin… c’est la mienne dans le fait de mettre de l’art dans mes vêtements.
Mes sources d’inspiration sont un peu partout. Par exemple : mes potes vont faire un truc qui me paraît sympa, je vais peut-être le détourner et faire un autre truc avec. Je pense que ma source d’inspiration est vraiment partout… A part dans le 16è arrondissement ! (rires) Non… Ça c’est juste pour la blague !
Je la puise en tout lieux, surtout à Paris. A Paris, il y a tellement de styles. Je suis le genre de mec qui, dans la rue, quand je vois une personne bien habillée, je l’arrête et je lui dis « Mec, t’es bien habillé ». Et je trouve que c’est important de faire ça, parce qu’on est souvent très critiques en termes de styles. On voit toujours ce qui ne va pas mais c’est tout aussi important de dire ce qui va. Enfin, il y a surtout ma ville, comme principale source d’inspiration : Montreuil… À jamais dans mon cœur.
En parlant de choses qui ne vont pas dans un look, quel est le pire fashion faux pas ?
Y a un truc qui m’irrite vraiment : un mec qui met une veste en jean et un pantalon en jean. C’est un style où le mec croit qu’il est uni mais c’est moche. Alors, oui, ça peut bien se faire ! Mais généralement, les gens le font assez mal.
Après, vraiment, ce qui est rédhibitoire c’est même pas le fashion faux pas en soi, mais c’est de porter un style qui ne te correspond pas. Il y a des gens qui portent des vêtements et ce n’est même pas que ça ne leur va pas, c’est juste qu’ils ne savent pas les porter. Quand quelqu’un est à l’aise avec ses vêtements, ça se voit sur lui. Il y en a qui s’habillent bien mais ça ne passe pas, parce que tu sens qu’ils ne sont pas fiers de porter leurs vêtements.
Quelle est ta pièce préférée dans ton dressing ?
C’est mon kimono. J’ai un kimono en wax qui a été fait par un ami qui s’appelle Sinan Tetik**. Pour la petite histoire, en fait, ce mec je l’avais rencontré à une soirée hip hop, il y a trois ans. On s’était très bien entendu parce qu’il faisait du journalisme et ça m’intéressait pas mal à l’époque. On a donc gardé contact et j’avais son Instagram. Un jour, il poste une photo d’un kimono dessus. Du coup, je lui ai envoyé un message pour lui demander si c’était lui qui les faisait. Et il m’a répondu « Oui ! Ramène-moi un tissu, je t’en fais un ! ». Je suis donc parti m’acheter un tissu, je lui ai donné, et une semaine plus tard j’avais mon kimono. Et voilà, je pense vraiment que c’est ma pièce préférée.
Propos recueillis par Amatoullah Aouame
crédit : La Chambre Noire et Rose Bernard
*Mouvement associé à la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes). Il s’agit d’un mouvement culturel, d’origine congolaise, créé dans les années 1970. Plus que culturelle, la sapologie affirme une réelle identité vestimentaire qui revendique une forme de « dandysme et d’insoumission ». Elle mêle la haute couture et l’élégance. (Source : France Culture – « Une histoire de la sapologie africaine »)
**Sinan Tetik que vous pouvez retrouver sur Instagram sous le pseudo @sinan_t.